Dans ce 25e épisode, j’accueille l’adorable Louise Hourcade, autrice de newsletters, pour parler du roman nigérian Americanah. C’est Louise qui m’a fait découvrir ce livre de l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie et il a directement intégré la liste de mes coups de cœur. Entre Nigeria, États-Unis et Angleterre, il raconte à la fois une histoire d’amour, d’expatriation et de retour aux origines, sur fond de réflexion autour des questions de race, de féminisme, de genre et d’identité en général. Ensuite, côté écriture, Louise Hourcade nous raconte le cheminement professionnel et artistique qui l’a amenée à écrire des newsletters. Un sujet sur lequel j’avais plein de questions, car j’apprécie beaucoup ce format, que ce soit en tant qu’autrice ou en tant que lectrice !
Powered by RedCircle
Mon invitée : Louise Hourcade, autrice de newsletters
Louise Hourcade a 26 ans, elle vit à Paris et, à sa sortie d’école de commerce, elle s’est rapidement éloignée des parcours classiques pour chercher sa voie, notamment dans les domaines artistiques. Aujourd’hui, elle se consacre à l’écriture d’une newsletter à la fois culturelle, sociologique et personnelle qui compte déjà plusieurs milliers d’abonné·es… dont moi ! En la lisant, j’ai vite remarqué que nous avions des goûts de lecture similaires, et c’est pourquoi je suis ravie qu’elle soit venue nous en parler dans le podcast.
Sa recommandation : le roman Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie
J’ai découvert Americanah grâce à Louise et je lui en suis très reconnaissante, car j’ai adoré ce roman nigérian sorti en 2013 et traduit par Anne Damour pour Gallimard. Il s’agit du troisième roman de l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie, qui a également écrit de nombreux essais et nouvelles. J’avais déjà eu l’occasion de la découvrir dans un Ted Talk sur l’importance d’une représentation diversifiée dans la fiction, et sa plume romanesque et badass a achevé de me séduire.
Sur plus d’une décennie, Americanah raconte l’histoire d’amour d’Ifemelu et Obinze, entre Nigeria, États-Unis et Royaume-Uni. Les deux jeunes Nigérians se quittent à 19 ans, alors que l’héroïne Ifemelu part étudier aux États-Unis, et se retrouvent à 32 ans quand celle-ci décide de retourner au Nigeria.
Pourquoi Louise Hourcade et moi avons adoré Americanah
Voici les principaux points que nous abordons en détail dans le podcast :
- Pour Louise, c’est d’abord un souvenir d’expatriation : cette lecture l’a marquée alors qu’elle vivait seule en Espagne dans le cadre d’un échange Erasmus ;
- Le personnage badass d’Ifemelu, à l’image de l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie elle-même : forte, intelligente, marquante, inspirante pour les jeunes femmes que nous sommes, écrivant avec sincérité sur les sujets qui lui tiennent à cœur et n’ayant pas peur de s’exprimer ;
« [Ifemelu, c’est] une femme qui ne s’excuse pas de penser, (…) qui n’a pas peur de faire peur aux hommes. (…) C’est quelqu’un à qui j’ai concrètement hyper envie de ressembler. »
Louise Hourcade à propos d’Ifemelu, l’héroïne nigériane d’Americanah
- Un roman « intelligent », qui aborde subtilement les questions de race, de classe sociale, de migration et de féminisme, sans jamais tomber dans l’écueil de se transformer en essai ou en démonstration sociologique ;
- Un dépaysement double, entre la découverte intime de la classe moyenne nigériane et celle des États-Unis vus à travers les yeux d’Ifemelu ;
- Un excellent style d’écriture, marqué par un sens aigu de l’observation, où toutes les idées sont incarnées par des détails concrets plutôt qu’énoncées (ce que les anglophones appellent le « show, don’t tell ») ;
- Une très belle histoire d’amour qui se développe sur le long terme et qui célèbre, selon Louise Hourcade, « l’amour qui donne une dignité », avec l’importance du respect mutuel et le prérequis de s’aimer soi-même, savoir ce qu’on veut, savoir ce qu’on vaut ;
- Enfin, à travers la décision d’Ifemelu de tout abandonner pour rentrer au Nigeria, Chimamanda Ngozi Adichie nuance la notion de réussite : qu’est-ce qui la définit ? Notamment, faut-il souhaiter à tous les jeunes Nigérians de faire carrière aux États-Unis, comme semblent le penser les proches des personnages ?
Côté écriture : la newsletter de Louise Hourcade
Comme elle l’expliquait il y a trois mois dans sa newsletter Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?, qui m’a beaucoup parlé sur un plan personnel, Louise Hourcade a suivi un long cheminement avant de s’autoriser à écrire professionnellement. Dans la deuxième partie du podcast, elle nous raconte ses tâtonnements pour trouver « un moyen d’expression, un moyen d’être écoutée », puis l’importance que les mots ont fini par prendre dans sa démarche artistique et professionnelle.
Dans cette discussion sur l’écriture de newsletters, nous avons notamment évoqué :
- La relative « facilité » de l’écriture, non pas que ça ne demande pas d’efforts, mais au sens de se sentir « à sa place » (ça m’a beaucoup parlé !). Louise m’a ainsi expliqué que, longtemps, elle ne pensait pas qu’écrire soit un art valable, car c’était ce qui lui venait le plus naturellement, et que donc ça ne devait pas avoir de valeur. C’est drôle comme on cherche souvent la difficulté, sans s’autoriser à aller vers ce qui nous convient spontanément... Qu’est-ce que ça dit de notre rapport au travail et à la création ?
- Son choix de la newsletter comme format et les avantages qu’elle y trouve par rapport au blog (notamment la visibilité en arrivant directement dans la boîte mail des abonné·es) ou aux réseaux sociaux (une plus grande facilité à s’exprimer avec authenticité) ;
- Son plaisir à lire elle-même des newsletters, par opposition au tintamarre conformiste des réseaux sociaux, qu’elle évoquait dans sa newsletter L’Impasse de l’authenticité sur les réseaux : se poser pour lire, choisir ce qu’on reçoit, vivre un moment « apaisé », loin des notifications, sans sauter d’un contenu à l’autre et sans être constamment influencée par l’avis des autres ;
- Sa tentation d’écrire un jour de la fiction, sans savoir si elle osera s’y plonger, ni par où commencer. Quand elle m’a demandé comment je m’étais lancée, je lui ai brièvement raconté la genèse de mon premier manuscrit de roman.
J’ai adoré enregistrer cette interview et j’espère que ça s’entend dans le podcast ! Pour aller plus loin, vous pouvez bien sûr retrouver les contenus de Louise Hourcade sur Instagram et sur Substack.
J’espère que cet échange avec Louise Hourcade vous a intéressé·es et qu’il vous a donné envie de lire Americanah, ainsi que les autres romans de Chimamanda Ngozie Adichie. Connaissiez-vous déjà cette formidable écrivaine ? Avez-vous d’autres livres d’elle à me recommander, romans ou essais ?
Wouha
Excellent moment d’interview !
Bravo
Et on sent que vous vous amusez bien dans cette rencontre
C’est super
Merci beaucoup !! Oui, c’est vrai qu’on a passé un super moment, c’était une très belle rencontre 🙂
[…] de papiers et l’essai d’Alice Zeniter, Je suis une fille sans histoire, déjà évoqué par Louise Hourcade dans l’interview du mois dernier (c’est dans l’air du temps […]