Dans cet épisode, je vous raconte ce que m’a apporté la lecture du dernier livre d’Anna Hope, « Nos Espérances ». Ce roman contemporain sur l’amitié féminine, la maternité et les questions existentielles de trois trentenaires londoniennes m’a à la fois… beaucoup plu et beaucoup déçue. Je vous explique pourquoi et j’analyse avec vous ce qui m’a plu et déplu dans ce roman, et en quoi cette lecture m’a donné plein de grain à moudre pour le manuscrit que j’écris en ce moment !
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Ils avaient dû jouer des coudes avec vingt autres couples, puis envoyer leur offre par pli recommandé le jour suivant. Avant qu’elle décide de déménager à Canterbury, Cate lui rendait visite. Tout en caressant son gros ventre, elle admirait la vue et s’exclamait qu’Hannah avait bien de la chance.
Extrait de « Nos Espérances », d’Anna Hope, paru en 2019 chez Penguin Books. Traduction de l’extrait depuis l’anglais par Marion Joceran.
Ce n’est pas de la chance, aurait voulu lui répondre Hannah. C’est comme ça que ça marche, la vie. Tu travailles dur pendant toute ta vingtaine et, quand tu arrives à la trentaine, tu as assez pour verser un apport. Il n’y a pas de magie, c’est juste mathématique.
« Nos Espérances » : attentes, espoirs et déceptions de trois amies trentenaires
Le roman en quelques mots
« Nos Espérances », troisième roman de l’actrice et autrice britannique Anna Hope, raconte l’amitié de trois Londoniennes de 35 ans : Cate, Hannah et Lissa. Toutes trois ont leurs espoirs secrets, leurs questionnements existentiels, leurs jalousies cachées et, notamment, un rapport très différent à la maternité. À travers les quatre saisons de cette année de leurs trente-cinq ans, entrecoupées de flashbacks du passé, elles se frottent à des choix de vie cruciaux qui vont mettre à mal leur amitié.
Ce que j’attendais de « Expectation » (titre anglais de « Nos Espérances »)
Je l’avoue, j’attendais beaucoup de ce roman, dont le titre anglais « Expectation » fait justement référence au fait d’avoir des attentes – et, bien entendu, au fait d’être enceinte (« to expect »). Dans la plume britannique d’Anna Hope, je croyais retrouver la modernité de ma chère Sally Rooney, qui exprime les préoccupations de notre génération comme personne. Mais voilà, la fin de « Nos Espérances » m’a laissée sur ma faim (sans vilain jeu de mots)… Aujourd’hui, exceptionnellement, je vous présente donc un avis mitigé.
Pourquoi « Nos Espérances » m’a à la fois beaucoup plu et beaucoup déçue
La réponse est très visuelle. Quand je lis un roman qui m’enthousiasme, je le crible de petits marque-pages pour retrouver les passages qui m’ont intéressée. Or, quand j’en avais fini avec « Nos Espérances », toutes mes notes étaient concentrées au milieu du livre. En gros, j’ai trouvé le début un peu long et la fin décevante — mais j’ai ADORÉ le milieu !
Les éléments du roman qui m’ont d’abord intéressée, puis déçue :
- Le roman est globalement bien écrit, dans un style moderne et épuré, mais j’ai trouvé qu’il y avait vraiment trop de voix passive ;
- Le récit était par moments très réaliste, et je comprends pourquoi certaines femmes s’y sont immédiatement reconnues, mais certaines scènes manquaient pour moi de vraisemblance ;
- Anna Hope installe une tension sexuelle subtile et plaisante entre certains personnages, mais je trouve que les scènes de passage à l’acte se révèlent peu sensuelles, donc assez gênantes ;
- Je pensais que le roman proposerait différent points de vue sur la maternité et l’envie d’enfant, et peut-être même qu’il explorerait le malaise propre à une génération qui a de moins en moins le réflexe de procréer. Cependant, j’ai trouvé que la fin nous faisait retomber dans le vieux cliché : « une femme sans enfants, c’est triste ». Ça n’est que mon interprétation du roman, mais ça m’a bien agacée !
Pour terminer sur une note positive, je dois dire qu’il y a beaucoup d’éléments qui m’ont plu dans ce roman, et notamment la description du quotidien d’actrice « médiocre » de Lissa, une des trois héroïnes. D’ailleurs, Anna Hope écrit en connaissance de cause, puisqu’elle-même est aussi actrice !
Ce que la lecture de « Nos Espérances » m’a enseigné sur l’écriture de romans
Depuis que je consacre une bonne partie de mon temps à l’écriture, j’essaye de lire « comme une écrivaine », c’est-à-dire d’analyser les romans qui me passent entre les mains. Et si j’ai choisi de consacrer un épisode de podcast à « Nos Espérances », c’est justement parce qu’il m’a permis de tirer des enseignements utiles à mon manuscrit actuel.
- En cas de narrateurs multiples (« Nos Espérances » en a trois, mon manuscrit en a cinq), il faut faire attention à bien les différencier dès le début. Sinon, ça crée de la confusion pour le lecteur ou la lectrice. Je sais de première main que c’est très désagréable, car j’avais beaucoup de mal à me faire une image mentale des personnages de ce roman et, du coup; je confondais tout le temps Cate et Hannah.
- Notamment, j’ai trouvé gênant que les trois personnages principaux aient toutes un « A » dans leur prénom, ce qui n’aide pas à les différencier au premier coup d’œil. Et là, gros fou rire, car mes cinq narrateurs s’appellent pour l’instant Sam, Nath, Camille, Hadrien et Anna (LOL).
- La chronologie bousculée, que j’utilise aussi dans mon manuscrit actuel, peut perdre les lecteurs. Je me suis aussi fait la remarque que les flashbacks doivent vraiment enrichir l’intrigue, car sinon ça la ralentit trop et on s’ennuie.
- Comme mentionné plus haut, j’ai vraiment noté qu’il faut se méfier de la voix passive et des verbes d’état, surtout au présent (le temps que, comme Anna Hope, j’ai choisi pour mon récit).
- Enfin, ça paraît évident, mais… J’ai intérêt à soigner le début, car c’est lui qui accroche les lecteurs, et la fin, car au final c’est ça que j’ai retenu du roman !
Est-ce que vous aussi vous aviez de grandes espérances pour ce roman d’Anna Hope ? À votre avis, est-ce qu’on peut pardonner une fin bancale à un roman dont le milieu est excellent ?
[…] roman sur la souffrance psychique ??). Le 4e de couverture m’a aussi rappelé l’univers d’une autre autrice anglaise, Anna Hope, à qui j’ai consacré un épisode de ce podcast. Mais c’est certainement la citation […]