Dans ce sixième épisode de La Page Sensible, je vous parle du roman « Les Enfants sont rois », la dernière sortie de l’excellente Delphine de Vigan. Un récit haletant qui mêle avec adresse roman policier, regard sur l’hyper-narcissisme des réseaux sociaux et portraits de femmes… Et qui tombe sans peine dans la catégorie des livres qui m’ont tenue éveillée la nuit ! Côté écriture, j’aborde les contraintes que je m’impose à moi-même lors de la rédaction, parfois pour le mieux, parfois pour le pire… Et de comment j’ai décidé de jouer les rebelles au cours de mes dernières séances d’écriture 😉
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On ne présente plus Delphine de Vigan
Si vous traînez dans le coin, chers rats de bibliothèque, je n’ai probablement pas besoin de vous présenter la Grande Delphine, qui préside en ce moment même le prix du Livre Inter. Je suis moi-même très fan de cette autrice depuis que je l’ai découverte avec son roman « D’Après une histoire vraie« , que j’adore. D’ailleurs, j’ai hésité à vous parler de ce roman-là en premier, et je ne manquerai pas de faire un podcast dessus !
Depuis cette découverte, je lis tout ce que sort Delphine de Vigan et c’est donc tout naturellement que je me suis jetée sur son dernier, sorti en 2021 : « Les Enfants sont rois. » Et je n’ai pas été déçue ! Pour être honnête, j’ai largement préféré ce roman à ses deux dernières sorties, qui selon moi étaient chouettes, sans être décoiffantes.
Entre roman contemporain, roman policier et roman d’anticipation
Dans « Les Enfants sont rois« , Delphine de Vigan nous propose un mélange des genres très réussi. Le récit tourne en effet autour d’une enquête sur la disparition d’une petite fille de six ans, qui se trouve être… une star de YouTube ! On suit l’histoire du point de vue de deux femmes : d’une part, Mélanie, la mère de la petite fille disparue. Un personnage ambivalent qui m’a inspiré autant d’empathie que de mépris, car il est difficile de s’identifier à cette femme qui filme ses pauvres enfants à longueur de journée pour vendre du Nutella et des baskets Nike ! D’autre part, on suit l’enquête de Clara, procédurière à la Brigade criminelle de Paris, qui plonge dans les stories Instagram de la famille à la recherche d’indices.
Pourquoi « Les Enfants sont rois » m’a tenue éveillée jusqu’à 3h du mat’
Parce que…
- J’y ai retrouvé le style fluide de Delphine de Vigan, sans le moindre accroc : c’est objectivement très bien écrit, comme dans tout ce que j’ai lu de cette autrice !
- On voit qu’il y a du travail : le roman est très bien documenté, que ce soit au niveau des procédures policières (la policière Clara n’est pas « procédurière » pour rien…) ou du métier d’influenceur sur Instagram et YouTube. D’ailleurs, le livre s’ouvre sur une citation extraite de l’essai « Écriture : Mémoires d’un métier » de Stephen King, qui est une énorme référence dans l’univers du creative writing à l’anglo-saxonne. Cette discipline prône que l’écriture est affaire de travail besogneux et régulier, un métier qui s’apprend comme un artisanat et qui nécessite bien plus de minutie, de constance et de persévérance que de soi-disant « inspiration ». À méditer… 😉
- Grâce à son rythme haletant, le roman est quasiment impossible à reposer. Le mystère fonctionne très bien, je VOULAIS savoir ce qui était arrivé à la petite Kimmy !
- La forme est originale, notamment avec les extraits du dossier que Clara compose pour l’enquête, dont la description des stories Instagram postées par la mère des enfants.
- J’ai apprécié la narration alternée entre les deux femmes, très différentes l’une de l’autre, avec ce personnage de Mélanie pour lequel l’autrice a réussi à me faire ressentir à la fois du mépris, de l’exaspération et de l’empathie.
- Le roman m’a vraiment fait réfléchir à mon rapport aux écrans, aux réseaux sociaux et au narcissisme de manière générale. Delphine de Vigan ne fait pas qu’effleurer le sujet, elle propose une vraie plongée dans le monde de l’hyper-promotion de soi.
Du côté de mon écriture : écrire sous contrainte VS partir en freestyle
Dans la deuxième partie de cet épisode de podcast, je vous raconte en quoi la contrainte est à la fois mon amie et mon ennemie en matière d’écriture. Bien que les cadres comme le plan détaillé de mon roman m’aident à écrire régulièrement et à avancer dans l’histoire, parfois ils bloquent ma créativité. Il faut donc que je trouve un subtil équilibre entre contrainte et écriture débridée.
Comme je penche naturellement du côté control freak de la force, dernièrement je me suis forcée à lâcher mon plan et à écrire des passages « pour du beurre ». Ainsi, j’ai pu me détacher de l’intrigue et explorer la psyché de mes personnages. Au final, cette nouvelle compréhension de ma propre histoire m’a permis de repartir de plus belle sur les rails du récit 🙂 En avant toute, je vais bien finir par l’abattre, ce premier jet de deuxième roman !
Si toi aussi tu es fan de Delphine de Vigan, je serais curieuse de savoir ce que tu as pensé de ce dernier roman. As-tu plus aimé, moins aimé que ses précédentes sorties ? Et si tu n’as pas encore lu « Les Enfants sont rois », est-ce que cet épisode t’en a donné envie ? 😉
Merci beaucoup pour les extraits et les arcanes de l’écriture, c’est très intéressant!
Merci, ça faisait peur de lire des extraits d’un premier jet avec toutes les vilaines répétitions et tout !! Mais je me dis que ça fait un bon exercice de lâcher-prise ^^
Aaaaaaahhhhhhhh quel plaisir ces 2 extraits .pomme d’amour et grâtin. Ça serait dommage quils disparaissent. Je les mets dans la grosse boîte Productions d’écrits et dessins 😉
Hihihi, je me rends compte en lisant ton commentaire que les métaphores des extraits que j’ai lus tournent beaucoup autour de la bouffe ! Je devais avoir faim quand j’ai écrit ces passages