Podcast de lecture et d'écriture autour du roman "Liv Maria", de Julia Kerninon, dans une interview de Marion Joceran et Amélie Charcosset.
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Dans cette interview, je vous propose la suite et fin de ma conversation avec Amélie Charcosset, autrice, animatrice d’ateliers d’écriture et professeure de FLE. Nous repassons côté lecture avec un petit débat autour de « Liv Maria », un roman de Julia Kerninon qu’Amélie a souhaité vous recommander. Vous verrez que, malgré la très belle plume de l’autrice, pour ma part j’ai quelques réticences sur l’histoire en elle-même. A vous de vous faire votre propre avis !

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Notre discussion autour du roman « Liv Maria »

J’ai lu ce roman, paru aux éditions de l’Iconoclaste, grâce aux conseils d’Amélie. Et même si j’étais ravie de découvrir le style impeccable de Julia Kerninon, je n’ai pas eu de coup de cœur pour l’histoire. Cependant, j’ai trouvé ça très intéressant de pouvoir en débattre avec Amélie, et cette discussion m’a montré qu’on peut toujours faire des lectures très différentes d’un même livre. Souvent, c’est même ce qui m’a le plus agacée dans le roman qui lui a le plus plu 😉 Voici donc les principales divergences que nous avons découvertes dans nos lectures de ce récit d’une vie de femme, celle de la fameuse Liv Maria.

Liv Maria, un personnage féminin fort ?

C’est certainement sur ce point, qui est la raison principale pour laquelle je n’ai pas apprécié le récit, que nos avis divergent le plus. Pour Julia Kerninon elle-même, comme l’autrice l’explique dans un autre podcast, Liv Maria est une jeune femme « badass ». Amélie est exactement du même avis : selon elle, Liv Maria fait des choix audacieux et hors-normes, ce qui fait d’elle un personnage « profondément féministe ».

Pour ma part, j’ai très fortement tiqué sur les relations amoureuses telles qu’elles sont présentées dans le roman, et qui soi-disant découleraient des choix anticonformistes de l’héroïne. Au contraire, j’ai trouvé qu’ils véhiculaient des clichés inconscients de domination des hommes sur les femmes dans le couple, notamment par le statut social et l’âge. Non seulement ça n’a rien de révolutionnaire à mon sens, mais ça me paraît même néfaste de romantiser ce genre de relation inégale.

Les coïncidences de la vie : lyrisme ou facilité scénaristique ?

Ici, il n’y a pas besoin de débattre très longtemps : on est simplement face à une pure question de préférence personnelle. Amélie adore les coïncidences, et notamment celles qui se bousculent dans « Liv Maria », tandis que je trouve qu’elles manquent de vraisemblance. Cependant, je peux très bien comprendre qu’on aime ce petit côté « conte » ou « fable », qu’on retrouve par exemple dans de grands succès comme « Ce que je sais de Vera Candida » (que, d’ailleurs, je n’ai pas aimé non plus).

Liv Maria, l’insaisissable

Pour conclure sur ce roman et ce personnage, je citerai une dernière contradiction apparue dans notre discussion : tandis qu’Amélie appréciait d’être plongée toute entière dans l’intériorité de Liv Maria, je n’arrivais pas vraiment à la cerner. Parfois, j’avais l’impression de la contempler de très loin, et de regarder les évènements défiler comme des ombres chinoises. Pour ma part, j’aurais voulu développer plus d’empathie pour ce personnage central, tandis qu’Amélie s’est beaucoup attachée à elle.

« J’avais l’impression de lire une biographie, mais de quelqu’un qui n’existait pas. »

Cette remarque d’Amélie sur sa lecture de « Liv Maria » résume un des points qu’elle a adorés dans le roman, et qui m’a personnellement moins plu : l’histoire balaye une vie entière en 200 pages, avec des effets de « zoom arrière » qui rappellent les biographies.

Côté écriture : peut-on et doit-on écrire sur tous les sujets ?

Par ailleurs, notre discussion sur « Liv Maria » en a ensuite entraîné d’autres, plus liées à notre propre expérience d’écriture. Nous avons notamment abordé ces quelques questions délicates :

  • Sommes-nous légitimes pour écrire sur tous les sujets, et comment aborder la diversité dans nos romans ?
  • Devrions-nous faire appel à des « relecteurs et relectrices sensibles » pour nous assurer de respecter les différents types de minorités ?
  • Faudrait-il nous inspirer des Anglo-Saxons en intégrant les fameux « trigger warnings », ces petites notes qui permettent d’alerter les lecteurs et lectrices de contenus potentiellement choquants à l’intérieur du roman ?
  • Comment tenir compte au mieux des commentaires de nos bêta-lectrices et bêta-lecteurs, ces personnes à qui on fait lire son manuscrit en avant-première pour qu’elles nous fassent des retours constructifs ?

Vous l’avez compris, c’était une discussion très riche, et je remercie Amélie Charcosset de m’avoir accordé une si longue et si passionnante interview.

Et vous, avez-vous lu « Liv Maria » ? Si oui, ou si vous le lisez à votre tour, je serais vraiment curieuse de savoir ce que vous en avez pensé !

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Hildegard
Hildegard
2 années

Cela pique ma curiosité ! Je vais essayer de le trouver et de te faire un retour…

Hildegard
Hildegard
2 années
Répondre à  Marion

super,merci
Je viens de commencer le roman d’Amélie 😉