Dans ce septième épisode de La Page Sensible, je vous parle des « Hauts de Hurlevent », l’unique roman d’Emily Brontë. Un récit gothique tout droit sorti de l’Angleterre du XIXe siècle, qui n’a pas pris une ride malgré ses 175 ans ! Ce livre m’a plongée dans un tourbillon d’émotions, de passion amoureuse et d’intrigues familiales, le tout sur fond de lande anglaise battue par les vents… Côté écriture, je vous raconte ma difficulté chronique à replacer ladite écriture au centre de ma vie, et surtout à assumer d’en faire une priorité absolue.
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« Les Hauts de Hurlevent » : bien plus qu’un roman classique qu’on étudie à l’école
Si vous avez entendu parler de ce roman gothique de 1847 pour la première fois dans un cours d’anglais, alors vous êtes dans le même cas que moi. Peut-être que votre prof a tenté de retenir votre attention en vous racontant l’histoire des trois sœurs Brontë, poétesses et romancières malgré l’isolement du presbytère où elles ont grandi, ou bien que la pauvre Emily est décédée à 29 ans, un an seulement après la parution des « Hauts de Hurlevent », son unique roman. Peut-être même que vous vous souviendrez que le roman « Jane Eyre », écrit par sa sœur Charlotte, est sorti la même année et qu’il a rencontré un tel succès que tout le monde a oublié le roman d’Emily ! Décidément, cette autrice a eu un destin plus ou moins aussi tragique que celui de ses personnages.
Mais si vous croyez que c’est un récit classique à dormir debout, alors c’est là que nos chemins se séparent. D’accord, j’avoue que quand ce roman m’est tombé sous la main alors que je faisais du volontariat au Japon, je l’ai ouvert seulement parce que je n’avais rien d’autre à me mettre sous la dent. Je me suis dit : « les soirées sont longues, je ne peux pas sortir de l’auberge à cause des ours qui rôdent dans cette région montagneuse, autant essayer de lire ce livre dont nous avait parlé la prof d’anglais au collège ». Résultat : je n’ai presque pas dormi la nuit suivante parce que je n’arrivais plus à lâcher le bouquin !
Pourquoi j’adore cet unique roman d’Emily Brontë
Si je trouve que « Les Hauts de Hurlevent » n’a rien d’un classique poussiéreux, c’est parce que…
- J’ai été emportée par cette saga familiale autour de la violente histoire d’amour de deux personnages qui défient la morale étroite où a grandi Emily Brontë : l’impétueuse Catherine et le sombre Heathcliff, un couple à la fois attachant et diabolique ;
- Même si le récit est tragique, la fin apporte une forme de rédemption qui me donne envie de relire le roman, encore et encore ;
- La lande désolée et déchirée par les vents, sur laquelle Emily Brontë vivait et aimait faire de longues promenades solitaires, constitue un personnage du roman à part entière ;
- L’autrice, poétesse avant de devenir romancière, décrit très bien les émotions de ses personnages, et j’ai ressenti des choses très fortes en lisant ce livre ;
- Emily Brontë fait aussi preuve d’une maîtrise étonnante des codes de la narration, notamment dans l’imbrication originale des différents narrateurs, et la gestion d’une chronologie bousculée sur plusieurs générations ;
- Il faut rendre hommage à cette autrice isolée par la société ultra-sexiste du XIXe siècle, dépassée par le succès de sa sœur Charlotte et dont le talent littéraire n’a été reconnu qu’à titre posthume par ces Messieurs de Londres !
Petite anecdote : « Heathcliff », ça vous dit quelque chose ?
L’un des héros du roman « Les Hauts de Hurlevent » se prénomme Heathcliff, un nom totalement inventé par l’autrice. Celui-ci évoque à merveille le paysage sauvage et accidenté des landes du Yorkshire, puisqu’il est composé de « heath » (« bruyère ») et « cliff » (« falaise »).
Au moins une personne réelle a également porté ce nom ! Il s’agit du talentueux acteur Heath Ledger, dont le prénom complet est en réalité « Heathcliff », et que ses parents auraient appelé ainsi en l’honneur du roman d’Emily Brontë. Malheureusement pour le pauvre Heath, décédé à seulement 29 ans, sa destinée s’est révélée à peu près aussi tragique que celle du personnage d’origine…
Écrire, même quand la vie souffle d’un autre côté
Peut-être que je devrais prendre exemple sur la détermination des sœurs Brontë à écrire et à se faire publier, au mépris d’une société qui leur disait de rester sagement à leur place de femme. Dans cet épisode de podcast, je vous raconte que ces dernières semaines j’ai eu du mal à maintenir l’écriture au centre de ma vie. Nouveau boulot, rendez-vous médicaux, visites amicales et familiales, rythme de vie bousculé : au premier coup de vent, c’est l’écriture qui a pris le large. Pourquoi elle et pas autre chose ? Peut-être parce que je ne m’autorise pas encore pleinement à dégager du temps et de l’énergie pour écrire mes romans ! Maintenant, à moi de tout faire pour retrouver une routine d’écriture qui me permette de terminer celui sur lequel je planche en ce moment, car j’ai tellement hâte de partager cette histoire avec vous.
J’espère vous avoir convaincu que « Les Hauts de Hurlevent » n’a rien d’une lecture scolaire, au contraire ! Et vous, vous connaissiez les fameuses sœurs Brontë ? Vous êtes plutôt « team Charlotte » ou « team Emily » ? 😉
J’aime beaucoup le titre en français .toute une histoire, un paysage en qq mots, comme dans un haïku.
Je n’ai cependant jamais lu le livre.
Extrêmement tentante cette plongée romantique, cheveux au vent, dans l’Angleterre victorienne d’Emily…
C’est vrai qu’il est beau ce titre ! Avec une jolie allitération en plus. C’est bien trouvé, surtout que ça n’a pas dû être facile de traduire le poétique « Wuthering Heights », qui est presque une onomatopée du vent qui souffle sur la lande
#TeamEmily
Ah tu m’as presque donné envie de le relire, je n’avais pas aimé !
En fait j’ai trop dantipathie envers les 2 personnages principaux, même si l’écriture est excellente je n’ai pas envie de relire leurs histoires. Sales gosses !
Team Emily, j’ai lu lu et relu Jane Eyre. Feminisme, anti classisme, body positive, anti cléricalisme… le top !
Hihi je ne suis pas surprise que ça ne t’ait pas plu, car je sais que tu détestes quand les personnages principaux sont antipathiques 😉 Et c’est vrai qu’en plus d’être des sales gosses, ils ne deviennent pas des adultes très reluisants. Mais en fait, pour moi, ce ne sont pas eux les vrais héros de l’histoire, et à la fin les « gentils » sont récompensés et les « méchants » (dont eux) bien punis, donc je trouve que ça compense !
Mais oui, je me doutais que tu serais de la team Emily, je revois encore « Jane Eyre » sur ton étagère… Et c’est vrai que ça a plutôt bien veilli, cette affaire.
Vive les soeurettes Brontë !!!